À quand un hôpital dans le Pays de Gex ?
8 mars 2021Dans un questionnaire diffusé fin de l’année dernière par Pays de Gex Agglo, les Gessiens ont jugé l’offre hospitalière insuffisante sur leur territoire. Face à cette situation inchangée depuis des années, les élus locaux ont décidé d’alerter l’ARS et le ministre de la Santé.
Image : Pays de Gex Agglo
Le 17 février dernier, les élus de Pays de Gex Agglo ont envoyé une lettre à Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, et à Jean-Yves Grall, directeur général de l’ARS Auvergne – Rhône-Alpes, pour les interpeller sur la demande locale d’un hôpital*. Ce courrier fait suite aux résultats d’un questionnaire portant sur l’offre de santé lancée par la collectivité à destination de sa population**. Près de 5 500 habitants des 27 communes de l’agglomération ont répondu. Les professionnels de santé représentaient 8 % des répondants (437 personnes). Une proportion significative selon Isabelle Passuello, vice-présidente déléguée aux solidarités, à la santé et à la petite-enfance.
*Voir la lettre envoyée par Pays de Gex Agglo à l’ARS
** Le questionnaire était disponible du 21/10/20 au 22/11/20. Il a été diffusé via l’ensemble des canaux sociaux sur le territoire. Voir les résultats complets du questionnaire.
L’hôpital le plus proche à 2h de route
Les conclusions sont sans appel. Près de 2/3 des Gessiens jugent l’offre hospitalière insuffisante sur le territoire dont 80 % l’expliquent par l’éloignement géographique. L’hôpital de référence des Gessiens est Saint-Julien-en-Genevois (Savoie), situé à 40 km par la Suisse, à 2 h par l’autoroute aux heures de pointe. Autre problème, les pompiers ne peuvent pas utiliser le deux-tons sur le territoire voisin, ce qui peut davantage augmenter le temps d’arrivée des secours au CH (centre hospitalier).
Les résultats du questionnaire ont aussi mis en évidence le besoin de spécialistes exprimé par la population. Le Pays de Gex est une des régions les plus touchées par la désertification médicale : « 50 généralistes pour 100 000 habitants, 1,5 gynécologue, 0 dermatologue, 1,5 pédiatre, etc. », d’après la lettre envoyée à l’ARS. Une situation d’autant plus alarmante que la population locale croît continuellement et devrait atteindre 120 000 habitants d’ici 2030.
Illustration : Pch.vector (Freepik)
« On s’aperçoit que les Gessiens vont à l’hôpital pour consulter des spécialistes qui ne sont pas sur le territoire (maternité, pédiatrie, gynécologues …). Au niveau des généralistes, on est toujours en-dessous de la moyenne nationale. On a réussi à endiguer le flux partant de médecins, mais on a juste arrêté l’hémorragie », précise Isabelle Passuello.
Une rencontre avec l’ARS et la CPAM
La question d’implanter ou non un hôpital dans le Pays de Gex ne date pourtant pas d’aujourd’hui, mais l’ARS a toujours refusé. Isabelle Passuello estime pourtant que l’agglomération a déjà fait son maximum : « On a mis en place un centre de soins immédiats en janvier dernier qui nous coûte 900 000€ par an. Salarier tous les médecins est impossible financièrement donc il faut construire un modèle compatible avec le privé ».
La rencontre fait l’objet d’un article lié à la pétition créée sur change.org
C’est l’une des pistes envisagées par les élus pour améliorer l’offre de santé en attendant la construction éventuelle d’un hôpital. Dans sa correspondance, la localité explique aussi ne plus pouvoir continuer seule et a décidé de confronter l’ARS et la CPAM à la population lors d’ « Assises de la santé » organisées début mars en visioconférence. Reste à savoir si elles entendront les revendications des Gessiens.