Précarité et manques de moyens : l’appel à l’aide du collectif Alerte
18 octobre 2023 Non Par Gaëlle LanierCi-dessus : Le collectif Alerte de l’Ain a fait part de ses inquiétudes aux parlementaires le 6 octobre dernier. Le député Damien Abad, la sénatrice Florence Blatrix, et l’assistante parlementaire de Romain Daubié étaient présents à la réunion. Ils ont pris part aux discussions pour proposer des pistes de solutions.
Le collectif Alerte de l’Ain (voir bas de page) a organisé une rencontre avec les parlementaires du département vendredi 6 octobre pour exposer ses préoccupations et inquiétudes dans un contexte économique devenant de plus en plus difficile.
Réunis autour d’une grande table dans les locaux de la Banque alimentaire, les membres du collectif Alerte 01 ont alors fait part aux trois parlementaires présents d’une situation sociale alarmante.
Les associations présentes ont abordé successivement les thèmes du logement, de l’accueil des publics fragiles et de l’alimentation. La précarité gagne toujours plus de terrain et, partout, les moyens manquent. Les dirigeants et bénévoles espèrent ainsi une prise de conscience politique assortie de mesures rapides pour pouvoir continuer d’assurer correctement leurs missions.
Mais le collectif, qui avait invité les 8 sénateurs et députés, déplore que l’ensemble des parlementaires n’aient pas montré plus d’intérêt à un échange avec les associations aindinoises. Ces dernières souhaitaient leur apporter une véritable vision de la réalité du terrain, elles qui interviennent auprès des personnes les plus pauvres ou les plus en difficulté au quotidien.
Extrême tension du logement très social
Guillaume Beaurepaire, directeur général d’Alfa3a, a présenté les difficultés auxquelles sont confrontés les logements accompagnés. Notamment la hausse des charges non répercutées sur le coût des loyers, le manque de solutions pérennes et la frilosité des communes à accueillir davantage de logements très sociaux. Ces derniers permettraient pourtant de désengorger les logements d’urgence destinés aux publics fragilisés.
Le manque de logements sociaux conjugué à la conjoncture délicate du bâtiment augmente fortement le nombre de demandes de logement social. Cela se fait donc au détriment des publics les plus fragiles nécessitant un accompagnement, disposant de trop faibles ressources ou en situation d’urgence. « En ce moment nous n’avons qu’un logement disponible à Bourg, pour sept situations d’extrême urgence » a expliqué Denise Bouvier, présidente d’Habitat et Humanisme Pays de l’Ain.
« Durant le mois de septembre, 164 demandes de mises à l’abri effectuées via le 115 ont dû être refusées. »
Agnès Bureau,
Vice-présidente de Tremplin.
Des publics de plus en plus fragiles et laissés de côté
Les associations qui œuvrent en faveur des plus précaires comme le Secours catholique, Emmaüs ou Les Restos du cœur sont intervenues pour souligner l’évolution inquiétante de la fragilisation des publics. Toutes constatent une arrivée directe – non orientée par les services sociaux publics – de personnes de plus en plus vulnérables financièrement et psychologiquement. Ces publics nécessiteraient d’être pris en charge, mais n’ont pas toujours accès à un accompagnement, par manque de moyens, de transports ou d’informations.
« Tout ce qui se met en place au niveau départemental, avec par exemple le numéro 3001, c’est adapté pour 90 % des personnes, mais il est important de garder le contact avec le reliquat des très fragiles qui ne peuvent ou ne savent pas faire. »
Bénédicte Duthoit,
déléguée départementale du Secours catholique.
L’aide alimentaire en péril
Hausse des bénéficiaires, manque de moyens, augmentation des prix des denrées et du carburant, qualité des dons qui se dégrade… Les associations d’aide alimentaire n’arrivent plus à faire face et s’interrogent sur la pérennité de leurs actions. Les bénévoles ont le sentiment que « leur travail n’est pas reconnu » et redoutent une « explosion ». Il leur tient à cœur de poursuivre leur mission dans le respect de la dignité des personnes, en leur proposant des produits alimentaires de qualité qu’ils doivent pouvoir librement choisir.
« Il faut sortir des années 80, la précarité a changé de visage. 17 % de nos bénéficiaires sont des travailleurs pauvres, majoritairement en CDI, avec aussi des retraités, des étudiants… »
Didier Dussart,
président de la Banque alimentaire de l’Ain.
Le collectif Alerte (et le groupement de l’Ain)
Le collectif Alerte est une entité inter-associative nationale regroupant des structures engagées dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Par la réflexion et l’échange, ses membres œuvrent ensemble pour interpeller les pouvoirs publics et sensibiliser l’opinion aux situations d’exclusion, ainsi que pour construire collectivement des positions communes pouvant contribuer à l’élaboration des politiques de lutte contre l’exclusion.
Le collectif national comprend plusieurs collectifs locaux, aux échelons régionaux et départementaux.
Le collectif Alerte 01 regroupe 11 associations : l’ADMR, Alfa3a, la Banque alimentaire de l’Ain, la Croix-Rouge, l’épicerie solidaire Au marché conté, Habitat et humanisme, les Restos du cœur, le Secours Catholique, Soliha, Sos Familles Emmaüs et Tremplin. Ses membres se réunissent trois ou quatre fois par an pour réfléchir et porter des actions communes.
Article de Mathilde Palfroy et Gaëlle Lanier